lundi 25 octobre 2010

Klamity Jane













 Il était une fois, dans l'Ouest de La Palma, un panier de crabes sur les rochers grouillants.



Battus par les vagues
au bout du rouleau.


La pince facile, il ne faut pas le chatouiller, il brille dans son habit étoilé. Seul, le souffle du vent et le grincement du travel-lift l'accompagnent.



Au lever du jour, une barque, coupable ou pas, y sera pendue.














lundi 18 octobre 2010

Kbot tanique



Ici, rien à voir avec la banane. Même si l’arbre décrit ci-dessous à tout du bananier.

Il s’agit là d’un platanier. 


Ne pas confondre avec le platane qui ne fait pas de bananes.




Fruit entre tous, symbole des Canaries, il a fait sa richesse jusqu’à aujourd’hui, c’est le «platano canarias». Il recouvre une grande partie des bords de côte ; gourmand en eau et en chaleur, il s’étiole dès qu’il monte en altitude. Chaque arbre ne fournit qu’un régime pendant son existence qui dure un an. Il est coupé après fructification, mais déjà, à sa base, un rejet est prêt et le remplacera.




Au sein des plataneraies cohabitent tous les stades de développement, semble-t-il de façon anarchique, mais qui permettent d’étaler la récolte tout au long de l’année, avec l’aide de serres de forçage pour les périodes hivernales.
















N’hésitez plus à consommer les « platanos canarias » à toutes les sauces :

Platano verde : faire cuire les « platanos verdes » avec la peau pendant vingt minutes. Les peler, les couper en rondelles, les faire dorer cinq minutes dans une poêle avec un peu de beurre demi-sel. Poêler un magret saignant avec du poivre vert frais, retirer le de la poêle. Dégraisser en partie le jus, verser 20 cl de crème fraîche, laisser lier. Servir en assiette après avoir découpé les magrets en tranche et napper de sauce verte.

Platano Split : prendre un platano mûr mais ferme. Le couper en deux dans une coupelle longue. Mettre une boule de glace vanille, de nata et de chocolat. Napper à l’aide d’un chocolat Valor chaud.

(recettes exclusives pour Bettyzou.blog,  à utiliser avec précaution).

K donc i Chote (my name is Chote, i Chote)


Comment puis-je encore oser écrire sur ce blog ?


Que pourrais-je ajouter si ce n'est des banalités, après tant d'envolées métaphoriques, de descriptions poétiques, de figures de style euphoriques ou de rhétoriques ?







Elle est tellement si forte, elle est tellement si belle (n’a pas les yeux revolver)…






Combien de moulins devrais-je combattre,





combien de dragons à saigner,


 


Dragonnier des Canaries : de ses blessures s'écoule une résine rouge, appelée "sang du dragon"








de reptiles gigantesques à occire, pour encore la séduire ?




 

LA ISLA BONITA

Ne pas se fier aux apparences.

Ne pas se laisser impressionner par ces immenses serres qui emprisonnent ses flancs jusqu’à la mer, première image de l’île presque décevante au souvenir tout frais de Madère.


Aborder Santa Cruz par le vieux volcan qui se noie dans la baie.








Se laisser avaler par ses rues pavées, silencieuses.




























Oublier l’Espagne enfiévrée : Santa Cruz, la discrète, presque effacée, se retire derrière les balcons de ses façades blanchies à la chaux, celle qui accueillait déjà les marins en partance pour le nouveau continent, il y a quelques siècles ; Santa Cruz, la plus belle ville des Canaries, c’est écrit.












Prendre de la hauteur.






Se pencher au dessus du cratère géant qui fend le cœur de l’île, la Caldera de Taburiente, dix kilomètres de diamètre, vingt-sept de circonférence, plus vaste que Paris, monstre assoupi pour toujours dans son linceul de pins centenaires.














S’abîmer dans l’azur du ciel le plus pur au monde, sur le bord du volcan, à 2 400 mètres, choisi par de nombreux laboratoires d’astrophysique d’Europe pour scruter l’infini.








Retomber en enfance devant ces télescopes pointés vers les étoiles.















Surfer sur l’océan de nuages qui s’étale à nos pieds. S’exclamer, s’émerveiller, ne pas en revenir.








Réveiller les volcans endormis, pas trop quand même… 






Des noms de saints, San Antonio, San Juan, pour conjurer le danger. Et puis Teneguia, le dernier-né, surgi des entrailles de l’Atlantique, à l’extrême sud de l’île il y a à peine quarante ans ; espace gagné sur la mer, terre fertile déjà conquise, lave noire engloutie sous le vert des bananeraies.






Se raconter des histoires terribles, celle d’un morceau de terre qui sombrerait dans l’océan, provoquant jusqu’aux côtes d’Amérique un tsunami dévastateur ; théorie scientifique remise en cause par de nombreux scientifiques, même si elle s’appuie sur un phénomène géologique reconnu.





Suivre la piste de ports qui n’existent plus, découvrir les maisons troglodytes d’anciens pêcheurs, reconverties en résidences d’été par quelques « palmeros » astucieux, les rois du monde ; refuges à peine devinés, comme abandonnés, trahis par le zeste de modernité d’une antenne télé.









Retrouver le bruit de la mer, le ressac contre la roche noire, la vague qui remplit la piscine enchâssée dans la falaise.










Ne pas s’en lasser.




Laisser son regard flotter sur une autre mer : à perte de vue, les plants de banane, dégagés de leur fourreau de plastique, ondulent sous le poids des fruits presque mûrs comme des vagues couleur émeraude.









Ecouter Carlos, enfant de La Palma, parler de cette île d’avant, il n’y a pas si longtemps, lorsque sa mère, faute de chemins carrossés, en faisait le tour en canot pour une visite chez le médecin, lorsque son père, « tabaquero » fabriquait encore des cigares et que les bergers descendaient à Santa Cruz pour vendre leurs fromages, au porte à porte, accompagnés de leurs chèvres. L’écouter parler de son expérience de la mer, différente, dix-sept années passées sur les ferries assurant la liaison inter-îles et parfois jusqu’à la péninsule, comme premier officier. L’écouter encore nous parler de son île d’aujourd’hui, de son sentiment d’appartenance à l’Espagne, de ses difficultés aussi. Fonctionnaire, responsable du port de commerce de Santa Cruz, il a vu baisser son salaire de 5 %. La crise…


Rencontrer sa famille :
Raquel, son épouse au regard si doux, prof de maths vacataire sur le carreau pour réduction d’effectifs ; ses garçons, Carlos, l’ainé qui porte le nom de son père, et Andres, le benjamin. 


Retrouver le plaisir de la langue espagnole, du dialogue sans entrave, après toutes ses heures à égratigner des morceaux d’anglais. Se rapprocher de nos amis de Salamanca, par la pensée, en partageant fièrement quelques tranches de jambon.






Ne jamais s’arrêter sur la première impression… Se laisser gagner, sans condition.


La Palma, île de tous les superlatifs, si belle : la Isla Bonita…