Ne pas se fier aux apparences.
Ne pas se laisser impressionner par ces immenses serres qui emprisonnent ses flancs jusqu’à la mer, première image de l’île presque décevante au souvenir tout frais de Madère.
Aborder Santa Cruz par le vieux volcan qui se noie dans la baie.
Se laisser avaler par ses rues pavées, silencieuses.
Aborder Santa Cruz par le vieux volcan qui se noie dans la baie.
Se laisser avaler par ses rues pavées, silencieuses.
Oublier l’Espagne enfiévrée : Santa Cruz, la discrète, presque effacée, se retire derrière les balcons de ses façades blanchies à la chaux, celle qui accueillait déjà les marins en partance pour le nouveau continent, il y a quelques siècles ; Santa Cruz, la plus belle ville des Canaries, c’est écrit.
Prendre de la hauteur.
Se pencher au dessus du cratère géant qui fend le cœur de l’île, la Caldera de Taburiente, dix kilomètres de diamètre, vingt-sept de circonférence, plus vaste que Paris, monstre assoupi pour toujours dans son linceul de pins centenaires.
S’abîmer dans l’azur du ciel le plus pur au monde, sur le bord du volcan, à 2 400 mètres, choisi par de nombreux laboratoires d’astrophysique d’Europe pour scruter l’infini.
Retomber en enfance devant ces télescopes pointés vers les étoiles.
Surfer sur l’océan de nuages qui s’étale à nos pieds. S’exclamer, s’émerveiller, ne pas en revenir.
Réveiller les volcans endormis, pas trop quand même…
Des noms de saints, San Antonio, San Juan, pour conjurer le danger. Et puis Teneguia, le dernier-né, surgi des entrailles de l’Atlantique, à l’extrême sud de l’île il y a à peine quarante ans ; espace gagné sur la mer, terre fertile déjà conquise, lave noire engloutie sous le vert des bananeraies.
Se raconter des histoires terribles, celle d’un morceau de terre qui sombrerait dans l’océan, provoquant jusqu’aux côtes d’Amérique un tsunami dévastateur ; théorie scientifique remise en cause par de nombreux scientifiques, même si elle s’appuie sur un phénomène géologique reconnu.
Des noms de saints, San Antonio, San Juan, pour conjurer le danger. Et puis Teneguia, le dernier-né, surgi des entrailles de l’Atlantique, à l’extrême sud de l’île il y a à peine quarante ans ; espace gagné sur la mer, terre fertile déjà conquise, lave noire engloutie sous le vert des bananeraies.
Se raconter des histoires terribles, celle d’un morceau de terre qui sombrerait dans l’océan, provoquant jusqu’aux côtes d’Amérique un tsunami dévastateur ; théorie scientifique remise en cause par de nombreux scientifiques, même si elle s’appuie sur un phénomène géologique reconnu.
Suivre la piste de ports qui n’existent plus, découvrir les maisons troglodytes d’anciens pêcheurs, reconverties en résidences d’été par quelques « palmeros » astucieux, les rois du monde ; refuges à peine devinés, comme abandonnés, trahis par le zeste de modernité d’une antenne télé.
Retrouver le bruit de la mer, le ressac contre la roche noire, la vague qui remplit la piscine enchâssée dans la falaise.
Ne pas s’en lasser.
Laisser son regard flotter sur une autre mer : à perte de vue, les plants de banane, dégagés de leur fourreau de plastique, ondulent sous le poids des fruits presque mûrs comme des vagues couleur émeraude.
Ne pas s’en lasser.
Laisser son regard flotter sur une autre mer : à perte de vue, les plants de banane, dégagés de leur fourreau de plastique, ondulent sous le poids des fruits presque mûrs comme des vagues couleur émeraude.
Ecouter Carlos, enfant de La Palma, parler de cette île d’avant, il n’y a pas si longtemps, lorsque sa mère, faute de chemins carrossés, en faisait le tour en canot pour une visite chez le médecin, lorsque son père, « tabaquero » fabriquait encore des cigares et que les bergers descendaient à Santa Cruz pour vendre leurs fromages, au porte à porte, accompagnés de leurs chèvres. L’écouter parler de son expérience de la mer, différente, dix-sept années passées sur les ferries assurant la liaison inter-îles et parfois jusqu’à la péninsule, comme premier officier. L’écouter encore nous parler de son île d’aujourd’hui, de son sentiment d’appartenance à l’Espagne, de ses difficultés aussi. Fonctionnaire, responsable du port de commerce de Santa Cruz, il a vu baisser son salaire de 5 %. La crise…
Rencontrer sa famille :
Rencontrer sa famille :
Raquel, son épouse au regard si doux, prof de maths vacataire sur le carreau pour réduction d’effectifs ; ses garçons, Carlos, l’ainé qui porte le nom de son père, et Andres, le benjamin.
Retrouver le plaisir de la langue espagnole, du dialogue sans entrave, après toutes ses heures à égratigner des morceaux d’anglais. Se rapprocher de nos amis de Salamanca, par la pensée, en partageant fièrement quelques tranches de jambon.
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