Nous avons cherché en vain l’âme de Gran Canaria.
Dans les ruelles fleuries de Puerto Mogan, les bus et les bateaux de promenade vomissent chaque jour leurs quotas de touristes, tôt le matin évadés de leurs prisons dorées de Puerto Rico ou Playa del Ingles. Sur la petite place coincée entre le pub anglais et le restaurant italien, un vieux crooner venu des States ou d’une banlieue de Brighton, on ne sait pas, meugle des vieux standards country, sous un chapeau de cow-boy fatigué. Quelques couples émoustillés osent se lancer et c’est le grand melting-pot à la mode canarienne, où la paire de norvégiens sautille aux côtés du ménage bavarois, sous le regard attendri des badauds britanniques assis à la terrasse du salon de thé, profitant du best price scones et marmelade.
Derrière les façades colorées de la « Venise » des îles fortunées, le « mercadillo » hebdomadaire étale ses articles made in china et des effluves de pâte feuilletée à la cannelle, recette berlinoise originale, chatouillent agréablement les narines des flâneurs en quête d’exotisme. Tout est là pour satisfaire le chaland, jusqu’au shopping center où l’on retrouve avec soulagement la Worcester sauce oubliée dans le placard au dessus du frigo, antidote au mojo verde qui pourrait sournoisement se glisser sur la grillade du touriste étourdi. Et toi, pôvre péquenot sur ton bateau garé le long des quais, épinglé dans le décor imprimé sur le prospectus de l’office de tourisme, tu te demandes à quel moment on va te jeter des cacahuètes…
Mais, honte à moi, c’est un vilain sentiment de jalousie, un inavouable sursaut nationaliste qui animent mon ressentiment, ma déception dans cet univers mondialisé : celui de ne jamais trouver, dans les restaurants où je ne vais jamais, la traduction de la carte en français...
Et pourtant, même si déjà il faut fouiller dans notre esprit pour retrouver Gran Canaria, que notre mémoire a remisée, derrière les images gravées à jamais del Hierro ou de La Palma, ses paysages intérieurs valent largement le détour, là où on peut encore rêver d’une île préservée du tourisme de masse…
|
Agaete |
|
Puerto de la Aldea |
|
Puerto de las Nieves |
|
Anden Verde |
|
Embalse de las Ninas |
|
Puerto de las Nieves |
|
Barranco de Mogan |
|
Ma demeure à Maspalomas, Gran Canaria |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire