¿ Cómo vive esa rosa que has prendido junto a tu corazón ? |
El Hierro : « le fer» en espagnol.
Rien à voir : il n’y a pas une once de fer dans le sol volcanique de cette septième merveille des Canaries. Son nom viendrait du «hero», «lait» dans l’ancien langage canarien ; étonnant pour cette île aux mille cratères, fleur de volcan.
Qui connait El Hierro, limite du monde connu jusqu’au 15ème siècle, antipode de l’Espagne au large du continent africain ? Quel esprit tourmenté irait se perdre sur ce triangle de lave perdu au milieu de l’océan, qui résiste aux navigateurs, leur imposant des conditions pour le moins inhospitalières : mouillages peu sûrs et ports inaccessibles par gros temps, dénués de toute espèce de « commodités » ? Quel intérêt trouverait-on à se perdre dans ce trou à quatre villes, trois routes, deux phares, alors que le monde regorge de petits paradis qui nous ouvrent grands leurs petits bras accueillants ?
Grave erreur de jugement : El Hierro est une perle noire, un bijou qui se mérite.
Son intérêt ne se mesure pas à sa taille : Punta Orchilla, à l’extrémité occidentale de l’île, désignée comme « méridien zéro » par Ptolomée, au deuxième siècle de notre ère, jusqu’à qu’il soit remplacé par celui de Greenwich, en 1884 ;
« El Golfo », comme arraché par une mâchoire de géant, un flanc entier de l’île a glissé dans les fonds océaniques, éboulement de 300 km3 qui aurait provoqué, il y a 50 000 ans, une vague de 100 mètres de hauteur ;
ses plaines verdoyantes, comme un clin d’œil écossais sous les Tropiques, ses cratères reconvertis en potager, le plissement de ses champs de lave, étrons géants de dragons endormis…
Le Phare d'Orchilla, extrême occidental de l'Espagne |
« El Golfo », comme arraché par une mâchoire de géant, un flanc entier de l’île a glissé dans les fonds océaniques, éboulement de 300 km3 qui aurait provoqué, il y a 50 000 ans, une vague de 100 mètres de hauteur ;
ses plaines verdoyantes, comme un clin d’œil écossais sous les Tropiques, ses cratères reconvertis en potager, le plissement de ses champs de lave, étrons géants de dragons endormis…
Eh bien je persiste et je signe : chaque île visitée au cours de notre périple houleux vaut largement le détour et mérite le mal de mer qu’on se donne. Chaque île abordée se distingue de celle que l’on vient de quitter avec regret. Chaque île est unique, livrant ses secrets à ceux qui lui accordent un peu d’attention, du temps surtout : celui du vagabondage et de la découverte. Il ne faut pas être pressé, ne pas avoir de routes à prendre, d’alizés à surveiller.
Voilà pourquoi je n’ai aucun regret, aucune arrière-pensée lorsque je vois partir tous ces bateaux candidats au grand large, se préparer les équipages à la grande traversée ; un an aux Canaries, me direz-vous, mais quel gaspillage de temps, quel tour du rien du tout pour un si beau projet, quel manque d’appétit pour l’aventure !
Quittant la Méditerranée avec un soupçon d’inquiétude pour une autre mer où il ferait toujours chaud, nous avons un instant douté de notre choix : un an aux Canaries, n’allions nous pas nous lasser, tourner en rond pour ne pas tourner autour du monde, regretter les mouillages abrités de nos îles Baléares, la Tunisie ou bien la Grèce que nous avons remisées pour d’autres échappées ? Allions-nous retrouver les fonds cristallins auxquels nous sommes habitués, avec cette houle qui remue le sable comme un shaker ?
Quittant la Méditerranée avec un soupçon d’inquiétude pour une autre mer où il ferait toujours chaud, nous avons un instant douté de notre choix : un an aux Canaries, n’allions nous pas nous lasser, tourner en rond pour ne pas tourner autour du monde, regretter les mouillages abrités de nos îles Baléares, la Tunisie ou bien la Grèce que nous avons remisées pour d’autres échappées ? Allions-nous retrouver les fonds cristallins auxquels nous sommes habitués, avec cette houle qui remue le sable comme un shaker ?
La réponse est là, chaque jour, sous nos yeux, avec les fonds sous-marins de La Restinga, El Hierro, ces poissons incroyables, aux yeux de nounours, les larmes de lave qui pleurent dans l’océan, les étendues de bananes, d’ananas, comme des mers végétales, ces montagnes tout à coup qui surgissent et nous immergent dans un autre milieu, le thermomètre qui chute, l’hiver à côté des Tropiques, l’accent canarien si doux…
Non, aucun regret, si ce n’est celui de voir le temps s’écouler, trop vite, trop près du retour déjà, alors qu’une douce indolence nous enveloppe, après ces quelques premiers mois de faible résistance. Aucun regret vraiment, nous avons retrouvé notre « temps », nous le prenons, le passons, le trouvons enfin.
La bonne "surprise" d'El Hierro" |
¿Cómo vive esa rosa que has prendido
RépondreSupprimerjunto a tu corazón?
Nunca hasta ahora contemplé en el mundo
junto al volcán la flor.
(G. A. Becquer)